8. MUSE MÉNAGÈRE

Salsepareil Sam 5 Nov - 10:25

8. Muse ménagère

Il faisait beau comme sur une photo d'agence de voyages. L'ombre du ciel étendait sa forme de pommier sur nos vallées. Derrière un buisson de vapeurs, des séraphins descendaient quelques arpèges, par cet après-midi plus vieux...

Tu m'as dit de changer de disque et j'ai cédé ! J'ai inventé un conte couleur de fromage frais. Pour tes pas, un gazon dru orné d'un aubépin fleurissant, qu'endiamantait la rosée. Pour ton corps, les souffles nus d'un alizé.

Redevenant fillette, je t'ai vue battre des mains. Oh, cet éclat vert au fond de tes prunelles ! Une ambiance de ravissement bouclait, autour de nous, la lumière sur les choses, et surtout dans tes cheveux de fée.

Du même ambré de térébenthine de Venise, au loin deux hérons arpentaient le bord du lac, par moi placé là en guise de miroir, pour tes rêveries azurées. De temps en temps ils piquaient du bec l'image brillante, ainsi que des poètes avec leur noir stylo.

Dans la fosse commune de l'obscurité, qui sent l'humus et l'humilité, j'ai enfoui le cadavre de la douleur, parmi les squelettes de mes amours anciennes. J'ai voulu qu'un paradis neuf ouvre sa roue de paon avec cette aube où je t'aperçois en train d'effacer, sur les hauts vitrages, la froide buée de mes souvenirs.

pierrot Sam 5 Nov - 11:45

C'est superbe. flower

Je lis tous tes textes, et si je ne les commente pas systématiquement c'est que je reste coi devant tant de beauté.

Salsepareil Sam 5 Nov - 15:42

Tu es vraiment sincère ? Comme je le crois, je suis ravi !

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