Le poète lunaire
2 participants
Air-Poesie :: Poèmes :: Adonis
Page 1 sur 1
Le poète lunaire
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Baudelaire
Après qu’il eut dîné d’un succulent poulet
Décoré joliment de brins de serpolet
Et vidé sans façon une bonne bouteille,
Voyant dans chaque grain de sable une merveille
Et sentant dans son cœur puissamment exalté
Battre de l’univers l’ineffable beauté,
Salsepareil voulut faire une promenade.
Sans doute de beaux vers lui viendraient en cascade.
Le vent léger du soir, tout parfumé de thym,
Caressait les cyprès, guetteurs de son jardin ;
L’air frémissait du vol soyeux des pipistrelles ;
Cigales et grillons agitaient leurs crécelles ;
Toujours fidèle à son nocturne rendez-vous
-Caravelle glissant sur le ciel noir cachou-
La lune soustrayait sa coque avec adresse
Au périlleux écueil d’une étoile traîtresse
Et, lentement, au toit de sa blanche maison
S’amarrait. Ses rayons dansants sur le gazon
Traçaient des runes comme à l’encre sympathique.
Tandis que, nez en l’air, il voyait, drolatique,
Cet obus que Méliès planta dans son œil droit,
Une inspiration - incomparable exploit-
Traversa son cerveau d’ordinaire bien vide :
Il allait composer un poème splendide
Qu’enrichirait l’habit d’or de l’alexandrin !
Mais soudain, dans un nid-de-poule du chemin,
Son pied se prit. C’était la foulure imbécile !
Lors, regagnant d’un pas comique et malhabile
Sa demeure en jurant très prosaïquement,
Il fit, main sur le cœur, l’infrangible serment
De ne plus se mêler de pareilles broutilles,
D’oublier l’hiatus, les rimes, les… chevilles.
Le poète, ayant dit, tout penaud, n’eut plus qu’à
Etaler sur la sienne une noix d’arnica…
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Baudelaire
Après qu’il eut dîné d’un succulent poulet
Décoré joliment de brins de serpolet
Et vidé sans façon une bonne bouteille,
Voyant dans chaque grain de sable une merveille
Et sentant dans son cœur puissamment exalté
Battre de l’univers l’ineffable beauté,
Salsepareil voulut faire une promenade.
Sans doute de beaux vers lui viendraient en cascade.
Le vent léger du soir, tout parfumé de thym,
Caressait les cyprès, guetteurs de son jardin ;
L’air frémissait du vol soyeux des pipistrelles ;
Cigales et grillons agitaient leurs crécelles ;
Toujours fidèle à son nocturne rendez-vous
-Caravelle glissant sur le ciel noir cachou-
La lune soustrayait sa coque avec adresse
Au périlleux écueil d’une étoile traîtresse
Et, lentement, au toit de sa blanche maison
S’amarrait. Ses rayons dansants sur le gazon
Traçaient des runes comme à l’encre sympathique.
Tandis que, nez en l’air, il voyait, drolatique,
Cet obus que Méliès planta dans son œil droit,
Une inspiration - incomparable exploit-
Traversa son cerveau d’ordinaire bien vide :
Il allait composer un poème splendide
Qu’enrichirait l’habit d’or de l’alexandrin !
Mais soudain, dans un nid-de-poule du chemin,
Son pied se prit. C’était la foulure imbécile !
Lors, regagnant d’un pas comique et malhabile
Sa demeure en jurant très prosaïquement,
Il fit, main sur le cœur, l’infrangible serment
De ne plus se mêler de pareilles broutilles,
D’oublier l’hiatus, les rimes, les… chevilles.
Le poète, ayant dit, tout penaud, n’eut plus qu’à
Etaler sur la sienne une noix d’arnica…
Adonis- Messages : 91
Points : 161
Réputation : 6
Date d'inscription : 10/08/2013
bravo
C'est pas un sonnet, mais c'est un bijou d'humour ! Bravo
Salsepareil- Messages : 574
Points : 974
Réputation : 30
Date d'inscription : 09/06/2011
Air-Poesie :: Poèmes :: Adonis
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|