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Faces d'un blanc d'argent

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Message  Salsepareil Ven 15 Juil - 10:24

RECUEIL :


FACES D'UN BLANC D'ARGENT


(suite de 14 poèmes)


2011



LE VENT AUJOURD'HUI (1)


Le vent aujourd'hui pousse sur nous des nuages tristes
Prêts à mouiller les rues de larmes au moindre prétexte

Une grosseur obscure et impalpable au fond de moi
Tourne sur elle-même dans le noir
Avec des questions insensées qui rôdent
Comme des loups dans un troupeau et une odeur de galaxie morte

Me monte à la cervelle alors que comme des clochettes
J'entends tinter l'une après l'autre puis s'éteindre les dernières
Ètoiles sur la mer sombre couvrant l'abîme

Mais le soleil ne se lève pas pour autant
On dirait que l'innocence et l'amour ont quitté ce monde

Dans la rue grise un balayeur fchitt fchitt pousse de vieux papiers
Au caniveau où des reflets sales ruissellent
Le temps emmène ainsi les débris de nos souvenirs

La route alors déserte où nous dessinions des marelles
Avec la craie qu'on avait en douce
Escamotée dans la rigole du tableau noir de l'école

Terre, un, un, un, deux, un, deux, ciel !
Et cette fillette rieuse aux cheveux couleur de miel !

Le vent aujourd'hui pousse sur moi des nuages tristes
Prêts à brouiller ma page de larmes au moindre début de texte




LA NAPPE DE LA MER (2)


La nappe de la mer efface des lignes irrégulières avec ses éponges
[ blanches
Vieux sillages de bateaux peut-être ou sentiers
Tracés jour après jour par d'invisibles siréniens et autres
Habitants chanteurs des profondeurs

Parmi les algues dans l'ombre verdâtre je vois circuler
Sur l'écran de mon rêve entre les reliques émoussées des Atlantis
De grands poissons acérés au regard fixe
Auxquels se mêle quelquefois la forme plus ou moins dilacérée
D'un marin mort cheveux flottants orbites caves
Qui tombe très lentement dans la noirceur inexorable

L'aiguille du temps tourne au cadran de la pleine lune
Ne l'aperçoivent on le sait que les poètes
Dont les regards captent la nuit partout - sous et dessus la nappe
[de la mer
Explorent tristement les ruines des nuages fugaces
Et les épaves rouillées d'immémoriales civilisations

Mais les poètes devinent aussi et quelquefois entendent le tic-tac
Du cataclysme en marche sous et sur le manteau de la terre
Les continents qui se déchirent s'entrechoquent
Sur de bouillantes laves tels de fous Radeaux de la Méduse

Ils entendent crier au secours des humains que nul ne peut
[ plus secourir
Pleurer des enfants ballonnés pendus à des mères qui
[ n'auront plus d'avenir
Pour peu que rien ne change Et pourtant rien ne change

A l'échelle de la marelle tu montais en sautillant
Avec une fille d'Ève jusqu'au Paradis
Sans savoir qu'il était perdu ainsi que les écrits l'ont dit

Et tu vois à présent sur son seuil les grands anges grimaçants avec
[ leurs têtes de taureaux leurs crinières couleur d'épouvante
Et brandissant leurs armes de lumière fulgurante
Dans une affreuse odeur d'ozone et de rayonnements inextinguibles

Sans savoir qu'il était perdu tu suivais cette fille au Paradis
Jadis
Tandis qu'on entendait du fond des gouffres interdits
D'atroces rumeurs s'annoncer
Pour peu que rien ne change Et cependant rien n'a changé.



SUR CETTE ÎLE SOLITAIRE (3)

Sur cette île solitaire où se croisent et recroisent les nappes de la marée
Déversant retirant le sable jaune et fin couleur de nacres et de
[ coquillages
J'ai dressé sous quelques palmiers affligés par le vent
Ma cabane - toit de palmes tendu sur quatre bâtons -

Tout ce qu'un bavard inutile peut s'offrir quand il quitte la civilisation

J'ai enterré dans un grand coffre un trésor de paroles
Et les lunes d'argent aux profils érodés que l'on trouve en plongeant
Au milieu de récifs qui ne sont sur aucune carte

Je me plais à cet inconfort que d'autres trouveraient spartiate
Et contemplant les aubes les couchants les nuits bruissantes d'étoiles
Depuis cette grève où je rêve à longueur de saisons
J'écris en suçant de temps en temps l'extrémité de mon crayon
Dont la pointe se change alors en encre violette

Je racontes les nautiles à minuit phosphorant sur les vagues
Les poulpes multibras sur les hauts fonds qu'ils draguent
A la recherche d'étoiles de mer fuyant parmi la transparence

Il y a aussi plus loin vers l'horizon bordé de lumière tardive
Les reflets sur le dos sombre et huileux des baleines qui crachent
Des geysers comme à Yellowstone
Tandis que les oiseaux de nuits aux vastes regards dorés s'émerveillent
Ceux de jour dorment en planant moi je veille

Tenant à la fraîche une sorte de journal de bord
Pour personne
A travers le rideau impalpable de ma solitude
J'écris pour moi-même mon poème À qui voudrait-on que je le donne
Je n'ai plus vu passer au large aucun bateau
Depuis des dizaines d'années

Juste les pages des saisons qui se tournent et la Muse toujours jeune
Qui me visite quelquefois sans se soucier
De mettre un bikini
Nous faisons l'amour à notre façon puis l'instant d'après elle est
[ repartie

Les choses sont ainsi et après tout je ne me plains pas de cette vie.




EN DES RIVES LOINTAINES (4)


Certes quelque part en des rives lointaines
Il y a des humains des tours illuminées la nuit et des automobiles

Ils ne me manquent pas
Du moins pas trop - vu que nombres d'entre eux disons-le
Franchement sont des imbéciles

Ils ne voient rien de ce qui se déroule
Si c'est à plus de quelques mètres autour d'eux
Et même leurs enfants leur échappent complètement

Ce qu'il me ferait plaisir de revoir de temps en temps
Ce sont leurs vergers fleuris au printemps
La lumière dans les prunelles
Des bambins lorsque crient les hirondelles
Les torrents qui descendent en gloussantes cascatelles
Que remontent en bondissant les truites et saumons fidèles
Comme moi aux miroirs de leur étang natal

Certes quelque part sur des rives lointaines
Il y a des humains des tours illuminées la nuit et des automobiles

Je n'ai pas pu me faire à eux c'était trop difficile

Je voyais leurs mensonges bien souvent involontaires
Leurs erreurs à venir Celle d'aujourd'hui comme celles d'hier
En moi, qui les exaspérait, vivait un genre de Cassandre
Ils n'aimaient pas que je parle de Troie
Et d'un monde qui tombe en cendres

Ce que tu dis ne rime à rien Tes soi-disant poèmes sont des fariboles
Tout ça ne vaut pas une obole
Tu ferais mieux de te casser ou de surveiller tes paroles

C'est vrai Ça ne rimait à rien. Depuis
Je me suis donc cassé et dans mon île je m'isole.




LA MARÉE (5)


Il est doux avant de mourir de vivre ses années
De sursis dans une retraite imaginaire
Que l'esprit se fait sur mesure avec les parpaings des mots
Et le ciment de la syntaxe

Et d'y vivre dans un hamac rythmé par le vent
L'âme et le cœur ataraxes

Fini la déferlante des «nouvelles» et de ces tsunamis
De souffrances qui tournoyant balaient la surface du monde
Pour unique télévision tu as le simple appareil de la Muse
Ses strip-teases ses sourires ses colères et ses ruses

En guise de radio le murmure de l'alizé dans les palmes
En guise de soucis l'oubli le bonheur et le calme

Au cœur de l'harmonie tu reçois rarement la visite d'un boccace
Sa grosse pince en repartant sur le sable laisse des traces
Un peu comme une succession de parenthèses
Les crabes sont mes cousins nous sommes du même signe

Et nous vivons la même ascèse
Pour eux comme pour moi la seule pression
Est celle de la marée que moi j'appelle inspiration.




COMME UN PAPEGAI (6)


Certains pensent que tu es heureux comme un pape
Peut-être même un papegai
Bavard comme tu es
Ils ignorent qu'au sommet où l'on t'avait placé
Tu étais la cible facile
Pour toutes sortes d'archers ou d'arbalétriers
Ravis de te voir tomber sous ou sur le carreau

Depuis ton cuir a épaissi Deux cornes t'ont poussé
(Ah ! Les femmes ! Mais comment leur en vouloir ?
Elles aussi ont leur programme !)
Bref aujourd'hui tu fais penser à un rhinocéros

Ou à quelque animal préhistorique de même farine
Dont le masque enfariné d'ailleurs
Ne dirait rien qui vaille

Pas drôle de passer pour un poète à notre époque
Sans pouvoir se défendre
Tout un chacun te voit comme un loup-phoque
Moitié féroce et moitié tendre

Sang sur la banquise où les hurlements des chasseurs
[ cruellement se font entendre
Et vie qui se ternit dans les yeux aux longs cils des petits
[ massacrés sans comprendre
Ô pourpre des taches de sang sur les fourrures blanches

Tout ce qu'y peut le poète c'est dire
Que la nature un jour obtiendra sa revanche
Et que ces brutes, les humains, ne perdent rien pour attendre...




DE PLUS BEAU (7)


De plus beau que les animaux sauvages
Ou même apprivoisés – je ne connais rien sur cette planète
Excepté La Femme
Être incompréhensible et prodigieux
Dont la merveilleuse nudité résume tous les paysages
Et tous les rivages

Les collines lisses que contourne la lumière insensiblement
Ainsi qu'autour des colonnes d'un temple grec
Les creux ici ou là d'une douceur de soleil couchant
Sculptés par l'ombre mauve et bleue
Et la grâce du cou la vague de la chevelure jusqu'à la fine conque rose
De l'oreille et cette autre grâce de l'aine qui de la hanche
Glisse jusqu'à l'endroit où un bosquet frisé
Dissimule une source

Et ce ventre avec l'ombilic ainsi d'un galet à peine enfoui
Dans le sable bombé d'une plage
La courbe du genou et de la cuisse jusqu'à l'autre cuisse
Et de la touffe de myosotis jusqu'aux reins aux omoplates à la nuque
L'émotion de ces lignes pures
La gorge sèche et le désir de se noyer
Enfin dans les prunelles profondes comme la mer

Agates et rubis sous les arches des sourcils
Et les traits délicats de ce visage qu'on ne peut
Pas ne pas chérir

La Femme L'Être inépuisable
Monstre de bonté Force généreuse
Qu'on quitte enfant et vers qui l'on revient toujours
Fût-ce en rêve à l'instant où l'on sait que l'on va mourir.





LA MÈRE LA MORT (Cool


À l'instant où l'on sait qu'on va mourir l'on y revient
Toujours
Quels que soient Ses Noms Il me souvient d'un temple
Où Elle trônait déployant comme une araignée dorée
De multiples bras aux mains selon des angles bizarres
Plus désarticulés qu'articulés

Sous les voûtes vibraient les fils de sa toile invisible
Le vent était libre d'entrer par les arches sculptées on voyait dehors
Courir les singes et la campagne de poussière rouge
Entre les rares arbres affichait
Des tessons de poteries qui étaient des maisons

Par les chemins qui s'étoilaient autour du sanctuaire
Allaient venaient des êtres en blanc comme des nuages
Une odeur de santal et d'encens flottait parmi les murmures
De sombres pèlerins qui restaient à distance alors que

Merveilleusement belles des femmes altières
Depuis leurs noires chevelures jusqu'à leurs pieds nus couvertes
[de voiles diaprés
Les yeux brillants étirés en forme de barque sacrée
Une pastille rouge entre les sourcils
Venaient en cortèges gracieux joindre les mains et poser des offrandes
Aux pieds de la divinité
Dans une langue familière mais dont il m'était
Pourtant impossible d'entendre le sens

Il semblait que la Terre même était comme une Mère très ancienne
Et qu'ici son essence et sa lumière dorée
Comme la grâce du lotus dans des calices précieux
A la faveur d'une prière se transvasaient dans les corps de toutes ces
[ femmes

Qui repartaient rieuses et pourtant d'un pas empreint d'une indicible
[ majesté.




LE SEUL SANGLOT (9)


Durant notre vie – Elle seule !
Mais quand nous mourons tout le monde nous aime

Devant les couronnes de fleur et les «à notre regretté père»
«A notre camarade et ami» Les discours émus
Comme quoi le défunt fut un modèle
(De quoi au juste ? Ne précisons surtout pas!)
Se multiplient et croissent les sanglots

De crocodiles déjà les enfants sont en train de supputer
Alors que la tombe n'est pas refermée
Quelle va être à chacun sa part d'héritage
Et combien par voie de justice ils seront en droit
De réclamer en plus s'ils téléphonent sur le champ
À leur avocat

La seule qui sanglote pour de vrai c'est la Mère
Éperdue au cœur du noir désert de l'abandon où la foule
Du cimetière affiche des profils busqués
De vautours le cou nu les femmes avec leurs cols de fourrure blanche
Les hommes chauves le regard cruel affectant la contrition
Mais tellement contents que leur vieil ennemi
Ait «dégagé le plancher»

Oh oui, le seul sanglot qui sonne vrai parmi la puanteur des cierges
C'est celui qui secoue la Mère accablée avec son châle noir
Sur ses épaules maigres qui semblent soudain
Devenues si frêles qu'on dirait
Les derniers soubresauts d'un oiseau que sa chute
A brisé

Et ces pleurs-là n'ont dans le souvenir
De tous ceux qui font les autruches et spéculent au contraire de leur
[ avenir
Jamais de fin



TERRE-MÈTÈR (10)


Intarissable ainsi que le mistral, lorsqu'il cherche sur le pelage
[ outremer
ces laisses immaculées que redoutent les navires,

Et qu'il creuse en rythme les flots
En sorte qu'un balancement transfère avec rumeur les images du ciel
Jusqu'aux portes dorées de l'aube et de là, jusqu'à l'infini
Que gardent l'albatros la mouette et le puffin fuligineux,

Souffle une ardeur telle que s'éclaire au milieu de fastes royaux
Le foyer d'un abîme pourpre dans les profondeurs de la lumière,
Et la forêt glauque des vagues se change en explosion de fleurs de
[ mimosas,

Si bien qu'à l'instant précis où s'élève le char du dieu
Avec ses chevaux écumants parmi les veines de vapeurs vermeilles
[ en suspens sur le tranchant du monde,
Un fort parfum de barquette de la St Jean, d'iode et de lavandin,
[ se répandant à travers la baie,

Évoque irrésistiblement au secret des calanques
Ce triangle d'oliviers bouclés avec la faille rouge et la petite source
Qui s'allume avant les répliques spasmodiques du séisme
Ou l'efflorescence énigmatique des violettes sous les térébinthes
Quand vient la moitié froide des années,

Ce qui dès les premiers moments où bambins encore
Nous gambadions à l'aventure au long des plages, des forêts
Dans cette liberté de nos petites jambes surveillées
Par un regard aimant et attentif

Environnés du grand orchestre des cigales et des senteurs de résine

Nous faisait ressentir la terre comme une géante magnifique à écouter
Par l'oreille des fleurs, l'arc-en-ciel chantonnant des sources
À respirer par ses pluies ses soleils ses argiles à pétrir

Par les replis surtout de sa féminité au sexe immense
Offert et riche de tous les arômes de la Vie
Que rien alors n'eût pu nous empêcher d'aimer.






J'AI REVU UN AMI (11)


J'ai revu un ami venu de sa terre lointaine
Il raconte qu'au large des barrières de corail
Sur sa coque de noix à voile de méjane
Il a croisé récemment l'Océan Indien
Avait toutes ses plumes blanches

Dans ma tête j'ai vu comme une immense face bleue
Surgir de l'horizon avec la coiffe d'un chef Sioux

Nous avons plaisanté raconté des sottises
Confronté d'infimes soucis en buvant gravement
Quelques ballons d'un vin aux reflets de rubis

Nous avons spéculé sur l'avenir les yeux brillants
Comme des dieux refait le monde à notre image
Les femmes avaient embelli – surtout de visage -
Et riaient en cascade ainsi qu'au temps
De nos vingt ans

Nous avons parlé un moments des morts Il y eut un silence
Qu'il ne fallait pas laisser refroidir l'heure et la figer
En une sorte de gelée de gêne tremblotante
Pour réagir alors tous à la fois nous avons débité en riant jaune
N'importe quelle phrase précipitamment

Il paraît que sa veuve a déjà un amant Viendrez-vous à Noël
Dans l'hémisphère sud c'est le meilleur moment
Je néglige tous mes devoirs Vos flûtes Et ta fille où en est-elle
Sont vides vous n'avez plus de champagne
Non à Noël nous avons retenu un grand chalet à la montagne
On s'y retrouve avec leurs familles
C'est que nous sommes des grands-parents maintenant

C'était bizarre de parler comme autrefois comme si nous allions
Vivre encore et encore Comme si toujours
L'avenir était devant nous infiniment pareil à celui des enfants

Mais dans nos regards en nous séparant
Une secrète gravité au fond de nos sourires
Disait que nous savions qu'il s'en fallait de peu déjà que cette
Fois - cette fois-ci... n'ait été la dernière fois !




EWIG... (12)



Ce sont toujours d'étranges et terribles larmes
Celles que suscitent ces «Ewig...Ewig... Ewig...» par lesquels
S'achève paradoxalement le splendide Chant de la Terre
De Gustav Mahler
Adolescent ce murmure qui durait longuement dans la nuit
Par la voix de Kathleen Ferrier
Jusqu'à se fondre au silence de l'éternité
M'étreignait le cœur jusqu'à l'insoutenable

Le sentiment du «pour toujours» et «à jamais»
Me jetait dans une nostalgie
Profonde et indéfinissable On eût dit la piqûre d'une rose
Au talon de ma vie Ou la morsure
D'un froid serpent qui paralyse la respiration

Tout le poids de l'éternel chaos sur la poitrine

Et dans ce poids le peu de sens fugace issu de ce que nos années
Ont réussi malgré tant d'éprouvants obstacles
À construire et qui ressemble à ce manoir d'Irlande
Sur une île minuscule aux prises avec les tempêtes

Déjà le toit est à refaire et le mur Nord sera bientôt perdu
Si l'on ne le restaure pas Les infiltrations
Sont destructrices et le gel c'est comme les racines :
Insensiblement les choses sont conduites à l'éclatement

Pris en sandwich pour ainsi dire
Les humains avec leur inconscience et leur conscience
Qui clignotent tout à tour selon la rotation du globe
Leurs amours ascendants leurs amours descendants
Le zodiaque et les jusants où se mirent les pleines lunes

L'éternel nous détruit et l'éphémère nous détruit

Entre les deux le temps du à jamais qui à venir sans fin
ennuie et qu'il est toujours question de tuer
Tout en disant «car je t'aime ô éternité !»

Et le temps des cerises
Ce présent qui aussitôt s'enfuit – ewig, ewig, ewig...
qu'on ne cesse de regretter !




FACES D'UN BLANC D'ARGENT (13)


Faces d'un blanc d'argent
Qui remuez immobiles les yeux fermés dans ma mémoire

Ainsi que des dormeurs des ruines de Pompéï

Pour qui écris-tu triste arlequin ridicule
La peau entretissée de pays de cultures de langues étranges
Qui forment une mosaïque de chants diaprés
Tantôt tam-tam tantôt flûte des Andes polycalame de Papouasie
Tantôt Diderot tantôt Ivolo Kéléto ou Homère
Tous les mondes humains te fascinent à leur manière
Tu voudrais toutes les langues résumées
Dans ta poésie

Faces d'un blanc d'argent
Qui remuez immobiles les yeux fermés dans ma mémoire

Ainsi que les danseurs aux visages peints de Mélanésie

Tu tresses tes poèmes ainsi que des étuis péniens
Tu crois qu'en écrivant pour de rares lecteurs pareils à ces oiseaux
[ chanteurs
Qui s'obstinent de loin en loin à célébrer l'aurore
Ou des lectrices clairsemées
Aux âmes rares comme sont les orchidées
Dans ces régions sauvages qu'aujourd'hui encore nul n'explore
Tu pourrait donner un moment le change
Et faire croire qu'au sein de tes mots invisible un archange
S'est laissé prendre et t'offre la puissance
De contaminer d'une sorte de semence
Radioactive tous ces inconnus aimés

En sorte d'arracher au visage blafard de la Mort
Ce faux sommeil aux yeux rongés dans ma mémoire

Les canines au tranchant empoisonné avec lesquelles
[ chaque jour elle nous mord...

Faces d'un blanc d'argent
Avec ce cruel rire silencieux dans ma mémoire

Ne sais-tu point que ce rire est pour tes chansons au bout
[ de quelques semaines moisies
Et que tu te racontes des histoires
En prétendant écrire de la «poésie» !




LE BONHEUR D'ÉCRIRE (14)


Le vent aujourd'hui pousse sur nous l'infini bleu du ciel
D'en haut il regarde la ville et les tours dans la pâle lumière

Sans doute a-t-il le sentiment de survoler un vaste cimetière
L'angoisse au fond de moi me pousse à marcher dans les rues
Hanté - à chaque coin guetté par des questions insensées
Comme par des voyous aux yeux éteint dont l'odeur d'âmes mortes

Me monte à la cervelle alors que le bruit d'un ressac lointain
Annonce qu'au-delà de l'horizon
Se forgent des matins avec, illuminant les vagues de cristal,
[ de grands soleils profonds

Lorsque l'un d'eux paraît à l'est et ruisselant de feu d'un bond
[ s'élance hors des eaux
On dirait que l'innocence et que l'amour en ce monde sont de retour

Dans la rue gaie un balayeur fchitt fchitt pousse de vieux papiers
Au caniveau où des reflets scintillent comme des sardines
Le temps ramène ainsi les éclairs de nos souvenirs

La route alors déserte où nous dessinions des marelles
Avec la craie qu'on avait en douce
Escamotée dans la rigole du tableau noir de l'école

Terre, un, un, un, deux, un, deux, ciel !
Se peuple de filles rieuses aux cheveux couleur de miel !

Le vent aujourd'hui pousse sur moi l'infini qui tombe du ciel
Ma page s'éclaire de larmes et j'écris dans des effluves
[ d'encre noire, d'iode et de sel

Comme si le bonheur d'écrire promettait d'être éternel.


Dernière édition par Salsepareil le Mer 20 Juil - 15:32, édité 2 fois

Salsepareil

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Message  Bébert II Lun 18 Juil - 11:50

Je reviendrai, j'ai pas tout lu Embarassed

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Message  pierrot Lun 18 Juil - 16:08

J'aurais le temps de déguster cette quatorzaine lors de la mise en page.
La lecture en sera plus facile sur calaméo

pierrot

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Message  Salsepareil Mar 19 Juil - 16:44

ça fout la trouille hein ?

Salsepareil

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Message  Bébert II Mer 20 Juil - 6:55

Carrément !

Bébert II

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Message  Salsepareil Mer 20 Juil - 15:30

J'ai envoyé par mail à Pierrot la version définitive, ça c'est un dernier brouillon. Mais vous avez été trop dégonflés pour me donner un avis, alors j'ai dû m'en passer... Et ça se dit "lecteur" ! Et ça cane devant quatorze babioles !!!! Où erres-je et dans quelle étagère ! Dès qu'y
s'agit de choses sérieuses, pfuittt, y disparaissent comme une volée de mauviettes !!!!
Une honte hhhonteuse !!! affraid
Mille sabords.

Salsepareil

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Message  Bébert II Mer 20 Juil - 16:59

tiens ya un de tes bouquins dédicacés qui passait en vente publique, un truc de bibliophile, ed tirage limité, illustré
et signé par l'hauteur et le peintre affraid Me souviens pu du titre What a Face
Une vente à Lille tiens j'ai le catalogue " levées d'ombre et de lumière " 22 lithos de Rougemont, connais pô cet artiste. Estimé 100 à 150 euros, sais pas combien ça a fait.

Bébert II

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Message  Salsepareil Sam 23 Juil - 20:56

Cherche pas à me déprimer avec de basses histoires de pognon !

Salsepareil

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Message  Bébert II Mar 23 Aoû - 12:59

Merci pour mes longues nuits d'insomnie clown

Mes amis, vous souffrez de troubles du sommeil ?
Oubliez la verveine et la valériane
Et de Bébert suivez le pertinent conseil
Pour retrouver enfin une large banane.

Comme vous pour dormir faisant de vains efforts,
J’avalais comprimés, décoctions, gélules…
Si je ne touchais pas encore aux sombres bords,
J’étais exténué, brisé, sur les rotules…

Un soir que je mordais de rage un polochon,
Un éclair traversa mon génial cabochon :
Pourquoi ne pas ouvrir de Lasource un volume ?

À peine avais-je lu trois mots de ce fatras
Que Morphée, indulgent, me tendit ses deux bras…
Depuis ce soir béni je dors comme une enclume !

Bébert II

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Message  Salsepareil Mer 14 Sep - 15:09

Ce Lasource, y vaut pas une feuille de Salsepareil !

Salsepareil

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