Tétracorne ou les quatre vérités
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Tétracorne ou les quatre vérités
Tétracorne ou les quatre vérités
Tu veux être poète – alors il te faut prendre l'aurore par les cornes (...auras-tu assez de tes deux mains ?) et l'extraire de sa nuit ainsi qu'un escargot, tout gluant de lumière encore, qu'on extirpe de sa coquille à la spire infinie.
(Patience et lenteur à l'abri des pins, les limaces d'ombre se réfugient sous les rochers, sous les buissons de myrte ou d'asphodèle. Toute une ancienne jeunesse reverdit au creux des ravins et fleurit les pentes des collines.)
Le mieux ensuite est de la laisser dégorger dans la mer quelques millions de bulles irisées, chacune facile à refléter l'univers. Ne pas recueillir cette beauté qui n'est certes que l'écume des choses, serait refuser de délicieux moments d'amour avec la poésie adolescente.
Mais cela ne peut avoir qu'un temps. Du sel, ensuite, il te faudra retirer ton astre solitaire et, lui rappelant sans cesse la Menace, le faire chanter tandis que, peu à peu, attisé par le vent des millions d'années, il se change en une sorte de colosse de Memnon à la blessure murmurante, planté au milieu d'un désert intérieur où tout est brûlé.
Une étendue parsemée de paillettes de mica brillant et prolixe en mirages, avec dunes bruissantes quand tu t'assoupis, et qu'à l'instant de mourir tu découvriras avoir été le site de ta vie.
Tu veux être poète – alors il te faut prendre l'aurore par les cornes (...auras-tu assez de tes deux mains ?) et l'extraire de sa nuit ainsi qu'un escargot, tout gluant de lumière encore, qu'on extirpe de sa coquille à la spire infinie.
(Patience et lenteur à l'abri des pins, les limaces d'ombre se réfugient sous les rochers, sous les buissons de myrte ou d'asphodèle. Toute une ancienne jeunesse reverdit au creux des ravins et fleurit les pentes des collines.)
Le mieux ensuite est de la laisser dégorger dans la mer quelques millions de bulles irisées, chacune facile à refléter l'univers. Ne pas recueillir cette beauté qui n'est certes que l'écume des choses, serait refuser de délicieux moments d'amour avec la poésie adolescente.
Mais cela ne peut avoir qu'un temps. Du sel, ensuite, il te faudra retirer ton astre solitaire et, lui rappelant sans cesse la Menace, le faire chanter tandis que, peu à peu, attisé par le vent des millions d'années, il se change en une sorte de colosse de Memnon à la blessure murmurante, planté au milieu d'un désert intérieur où tout est brûlé.
Une étendue parsemée de paillettes de mica brillant et prolixe en mirages, avec dunes bruissantes quand tu t'assoupis, et qu'à l'instant de mourir tu découvriras avoir été le site de ta vie.
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